Pour la plupart des contemporains,
la solitude est ressentie de façon négative :
on la confond avec l'isolement, le manque, l'abandon.
Et la société veille à empêcher
que l'être humain ne se retrouve seul,
face à lui-même.
Or la solitude choisie est loin d'être
un enfermement, une pauvreté :
c'est un état d'heureuse plénitude.
Non seulement parce qu'elle offre
la clef de la vie intérieure et créative,
mais parce qu'elle est disponibilité
et chemin d'apprentissage de l'amour.
Il n'est pas de liberté de l'individu
sans ce recueillement de la pensée,
sans cet ermitage du coeur.
Pourquoi tant de philosophes, d'artistes,
de saints et de mystiques furent-ils de grands solitaires ?
Quelle force, quelle inspiration puisèrent-ils
dans une vie d'austère apparence ?
Et pourquoi notre monde lutte-t-il avec tant d'ardeur
contre un état propice à la connaissance de soi ?
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Jacqueline Kelen
"L'esprit de solitude"
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