lundi 5 octobre 2009

COEUR DE PIERRE




J'étais platane majestueux sur la place d'un village.
Au fil des ans, j'avais creusé en moi,
je m'étais allégé du superflu et je n'avais gardé que l'essentiel:
une fine enveloppe dans laquelle jaillissait ma sève, ma joie, mon élan vers le ciel .
J'étais bien, léger, aérien, libre.
Mais les hommes sont venus et ne m'ont pas trouvé
beau.
Ils m'ont vu différent, ils m'ont cru malade.
Ils ont eu peur de ma fragilité.
Alors, sans me demander mon avis,
ils ont décidé de me remplir.
Complètement.
.
Regardez-moi bien : ils m'ont donné un coeur de pierre .
.
J'étais poème lancé vers les hauteurs,
j'étais flûte dans le vent,
maison grande ouverte à tous les passants,
abri pour les indigents...
Je ne suis plus que pesanteur immobile,
je ne suis plus qu'un long poteau imbécile
derrière une ligne blanche.
Je suis ma propre prison,
je ne sais plus m'ouvrir,
je ne sais plus grandir.
Totalement muré...
dans mes certitudes.
...
..
.
Le savez-vous ?
Le lieu vital de l'arbre n'est pas en son cœur, mais à sa périphérie, sous l'écorce du tronc.
Un arbre creux ou en cours de dépérissement intérieur
est donc toujours vivant !
.

2 commentaires:

  1. Je ne le savais pas mais voilà qui est fait ;o) Quant à ton poème, superbe et en accord parfait avec la photo de ton dernier billet, bravo.
    Bonne soirée, Syl

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  2. Ah ! voilà qui explique pourquoi on voit des arbres creux et pourtant encore si vigoureux... sans forcément aller jusqu'au murage !!!

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