jeudi 22 mai 2014

SUSPENSION

photo personnelle

Ne rien faire, ne rien déranger.
Dériver.
Assise sur un rocher, je laisse le froid
visiter l’épaisseur de mes jupes.
Me traversent le crissement et les bruits, l’odeur de la terre.
Suspension. Pointe aiguë. L’envie de crier.
Soudaineté de la perfection.
Je n’écoute pas. Les sons me recouvrent comme un lichen.
Je ne regarde pas.
 Les branches et leurs ombres poussent
 dans les yeux ouverts.
Je ne respire pas.
Un souffle régulier m’habite et me scande.
Je ne flaire pas.
Les odeurs m’enfouissent au ventre leurs rhizomes.

Absence et suspension.
Où allais-je chercher l’aventure ?

Une escapade semblable permet au moins
deux découvertes :  en ne faisant rien,
celui qui n’a rien fait a déjà fait beaucoup;
et ce qu’il faut à l’homme pour aller au bout de ses rêves
et de ses possibilités n’est rien d’autre
que ce qu’il a déjà : son corps.

Dès lors, tout s’éclaire.
Ce que la méditation a de si suspect
pour l’ordre social et économique, 
c’est qu’elle nous apprend à nous mouvoir ailleurs,
dans un univers dont les richesses innombrables
échappent aux circuits monétaires et marchands.
.
Christiane Singer,
« Les âges de la vie »
.

2 commentaires:

  1. En ne faisant rien on se laisse pénétrer par tout l'environnement

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  2. par moment il faut se laisser aller, se laisser vivre pour décompresser

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