"C'est une jeune mère.
On se dit en la voyant
que toutes les jeunes mères sont ainsi,
de très jeunes filles, enveloppées de silence,
comme la robe de lumière entre les doigts du peintre.
Des petites soeurs, des petites filles.
Un enfant leur est venu.
Il est venu avec la fraîcheur des jardins.
Il est venu dans la chambre du sang,
comme une phrase emmenée par le soir.
Il a poussé dans leurs songes.
Il a grandi dans leurs chairs.
Il apportait la fatigue, la douceur et la désespérance...
.
Avec l'enfant commence la solitude des jeunes femmes.
Elles seules connaissent ses besoins.
Elles seules savent le prendre au secret de leurs bras.
La pensée éternelle les incline vers l'enfant, sans relâche.
Elles veillent aux soins du corps et à ceux de la parole.
Elles prennent soin du corps comme la nature a soin de Dieu,
comme le silence entoure la neige.
Il y a la nourriture, il y a l'école.
Il y a les squares, les courses à faire et les légumes à cuire.
Et que, de tout cela, personne ne vous sache gré, jamais.
Les jeunes femmes ont affaire avec l'invisible.
C'est parce qu'elles ont affaire avec l'invisible
que les jeunes mères deviennent invisibles,
bonnes à tout, bonnes à rien."
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Christian BOBIN
"La part manquante"
oh Bobin, et ses textes limpides, qui replacent le vivant au coeur de nos vies, avec simplicité et douceur... jolie idée pour fêter les mamans
RépondreSupprimerMerci Michelaise, tu parles très bien de Bobin, c'est ce que je pense de lui aussi...
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