photo personnelle
Être pleinement une rose, en son unicité,
et nullement une autre chose,
cela constitue une suffisante raison d’être.
Cela exige de la rose qu’elle mette en branle
toute l’énergie vitale dont elle est chargée.
Dès l’instant où sa tige émerge du sol,
celle-ci pousse dans un sens,
comme mue par une inébranlable volonté.
À travers elle se fixe une ligne de force
qui se cristallise en un bouton.
À partir de ce bouton, les feuilles puis les pétales
vont bientôt se former et s’éployer,
épousant telle courbure, telle sinuosité,
optant pour telle teinte, tel arôme.
Désormais, rien ne pourra plus l’empêcher
d’accéder à sa signature, à son désir de s’accomplir,
se nourrissant de la substance venue du sol,
mais aussi du vent, de la rosée, des rayons du soleil.
Tout cela en vue de la plénitude de son être,
une plénitude posée dès son germe,
dès un très lointain commencement,
de toute éternité, pourrait-on dire.
Voilà enfin la rose qui se manifeste
dans tout l’éclat de sa présence,
dans tout l’éclat de sa présence,
propageant ses ondes rythmiques vers ce à quoi elle aspire,
le pur espace sans limites.
Cette irrépressible ouverture dans l’espace est à l’image
d’une fontaine qui rejaillit sans cesse du fond.
Car pour peu que la rose
veuille durer le temps de son destin,
veuille durer le temps de son destin,
elle se doit de s’appuyer aussi
sur un enfouissement dans la profondeur.
Entre le sol et l’air, entre la terre et le ciel
s’effectue alors un va-et-vient
que symbolise la forme même des pétales,
forme si spécifique, à la fois recourbée vers l’intérieur de soi
et tournée vers l’extérieur en un geste d’offrande.
[…] Il convient […]
que la chair soit dans l’éclat
et que l’esprit soit à l’ombre,
afin que ce dernier puisse soutenir
le principe de vie qui régit la chair.
Lors même que les pétales seraient tombés
et mêlés à l’humus nourricier,
persisterait leur invisible parfum,
comme une émanation de leur essence,
ou un signe de leur transfiguration.
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François Cheng
"Cinq méditations sur la beauté"
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Ce magnifique texte pourrait se lire en écoutant la mélodie que j'ai postée sur mon blog...
RépondreSupprimerBel écho fleuri, merci!
et la rose la reine des fleurs
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