Je ne l'avais jamais vu aussi radieux.
J'ai trouvé, me dit-il.
J'ai trouvé ce que j'attendais - enfin, pas tout à fait,
mais j'ai trouvé un mot pour le dire.
Vous ne devinerez jamais.
J'essayai pourtant : Dieu ? La mort ? L'amour ?
pas du tout, répliqua-t-il.
Vous cherchez du côté du plus grand.
Vous cherchez du côté du plus grand.
C'est une erreur sans doute inévitable.
Moi-même je l'ai commise jusqu'à ce matin.
C'est tellement plus simple :
j'attends le printemps.
.
Je dus avoir l'air stupide.
Il me précisa sa pensée.
(...)
Ce que j'appelle le printemps, me dit-il,
n'est pas une affaire de climat ou de saison.
Certes, je ne suis pas insensible
à la résurrection du mois de mai,
à cette candeur nouvelle
qui rend le coeur si rouge et les filles si moqueuses.
Mais on peut toujours objecter que cette résurrection
sera bientôt suivie par un nouvel hiver,
un goutte-à-goutte de la mort froide,
les saisons sont rondes, bégayantes.
Ce que j'appelle le printemps brise ce cercle-là,
comme tous les autres.
Cela peut surgir au plus noir de l'année.
C'est même une de ses caractéristiques :
quelque chose qui peut venir à tout moment
pour interrompre, briser,
- et, au bout du compte, délivrer.
.
Christian Bobin
"La présence pure"
.
Un très beau texte de Christian Bobin. Tiens je vais planter une fleur sur mon coeur et la laisser s'épanouir.
RépondreSupprimerBonne idée : je suis sûre que le "terrain" est bon ! ;-)
SupprimerTous les jours,je prin-le-temps d'ouvrir ma porte au renouveau...sinon,j'effroi...
RépondreSupprimerJ'adore ton petit "accent", Claire !
RépondreSupprimer:-)))