samedi 20 décembre 2014

JEU DE NOËL (4)



Cette nuit-là, elle fit un rêve étrange,
 ou plutôt un cauchemar.
 Un bruit l’avait alertée.
 Elle était dans un espace sombre
dont les parois semblaient battre
au rythme de son cœur.
 Regardant autour d’elle, elle vit la boîte 
contenant la couronne royale.

 “Où suis-je ?” se demanda-t-elle. 
Elle remarqua alors qu’elle voyait aussi la couronne 
qui semblait luire d’une douce lumière
comme une braise dans un feu qui s’éteint. 
Un mouvement à la limite de son champ de vision
 lui fit tourner la tête. Elle fixa l’endroit sans rien voir. 
Elle reprit sa contemplation de la couronne, 
détaillant chaque décoration, chaque pierre
et jusqu’à ce curieux oiseau qui était au milieu.

De nouveau, elle eut l’impression de voir quelque chose, 
une forme, une silhouette
à la limite de sa vue sur la gauche.
 Tournant son regard vers ce qui bougeait, elle ne vit rien. 
Elle prit peur, sentant une présence qu’elle ne voyait pas.
 Elle essaya de se calmer.
 Elle allait se réveiller et tout allait rentrer dans l’ordre.

 C’est alors que prit naissance cette chose hideuse 
qui lui fit pousser un petit cri.
 Elle ne la voyait qu’à la condition
de ne pas la regarder en face.
 Si elle braquait son regard dessus, 
elle devinait avec peine une brume jaune sale.
Ce qu’elle apercevait lui rappela les arbres des marais,
sortes de totems chétifs couverts de lichens moussus
aux silhouettes torturées.


Son malaise augmenta devant cette magie
à l’oeuvre au sein même de sa tente.
 Une pensée lui vint, 
elle devait ouvrir la boîte qui contenait la couronne.
 Elle avança la main presque sans y penser. 
C’est en touchant le coffret
qu’elle prit conscience de ce qu’elle faisait.

 Elle fit un effort pour arrêter sa main 
qui déjà commençait à jouer avec la serrure.
 Ce coffre de voyage était en lui-même une protection 
contre tout ce qui pouvait atteindre
 la puissance qui y habitait.
Elle savait que seule l’union de son père et de la couronne
 pouvait résister aux êtres maléfiques.

Elle cria à nouveau, luttant avec elle-même
 pour retenir sa main 
qui semblait ne plus vouloir lui obéir.
En périphérie de son champ de vision
 la chose hideuse s’agitait comme habitée de convulsions.
 Moayanne connut la panique.

 Elle avait perdu le pouvoir sur son corps 
qui semblait ne plus lui obéir. 
C’était maintenant la deuxième main
 qui tentait de faire jouer la serrure. 
Elle banda ses forces pour résister mais rien n’y fit. 
Le premier verrou venait de jouer 
quand souffla le vent le plus glacial
qu’elle n’ait jamais connu.


Comme au pire de l’hiver, elle se mit à tant frissonner 
que ses mains ne purent continuer leur mouvement.
 À la seule lueur émanant de la couronne,
 elle vit l’hideuse créature se recroqueviller.
 Touchée de plein fouet par ce vent plus froid que la mort,
 la forme jaune sale convulsa une dernière fois
 avant de s’abattre par terre.

 Moayanne sentit alors la pression mentale la quitter brusquement.
 Elle put attraper un manteau pour couvrir son frêle vêtement de nuit.
 Elle parcourut la tente qui l’abritait 
pour voir d’où venait ce vent qui soufflait ainsi.
 Elle repéra sans peine la déchirure 
dans la paroi de sa tente par où il pénétrait. 
Et brusquement tout cessa.

Moayanne bondit de son lit. Le noir était absolu.
 Tout semblait calme. Un rêve ! 
Elle avait simplement cauchemardé tout cela. 
Demain le voyage reprendrait 
et son père pourrait régénérer sa puissance 
en faisant le rite de Bevaka.

 Elle souleva le pan de sa porte, dehors l’air était tiède.
 La pluie avait cessé. Un rayon de lune éclairait le paysage. 
Elle examina sa tente, tout était en ordre. 
Les verrous du coffret à leur place. Elle retourna se coucher.
 Elle avait rêvé, simplement un mauvais rêve. 
Une seule chose la dérangea, 
pourquoi faisait-il aussi froid dans sa tente ?
.
.

4 commentaires:

  1. Qu'est-ce qui te fait rire, Leelou ?

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  2. Je souris car j'apprécie !!!!!!!!
    Je suis de très près "Histoires à dire" que je mets en lien sur mon blog... et j'en apprécie énoooooormément la lecture riche, captivante, inspirée, et le style talentueux.
    J'adressais donc mon regard et mon sourire complices à l'auteur, et à toi la Licorne qui a publié son histoire.
    Merci de ce partage.
    Excuse-moi de n'avoir pas pu être plus explicite lors du précédent message... le temps me manquait... J'espère n'avoir gêné personne. Toutes mes excuses.
    J'essaie de mon côté de participer à ton "défi" mais tous les billets très inspirés postés jusqu'à présent me paralysent quelque peu... J'en profite pour féliciter chacun, chacune...
    Bises de Leeloo

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  3. Oui, je comprends... :-)
    Il y a de belles participations, en effet (et encore de très belles...à venir), mais ce serait dommage de se laisser "paralyser"...aucun "esprit de concours'" ici, le but est juste d'apporter sa "touche personnelle"... :-)

    En espérant te lire...

    Bises amicales.

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