jeudi 14 novembre 2013

LA FEUILLE ET L'ARBRE

photo personnelle

La petite feuille du grand arbre !

Si la feuille était douée de conscience,
ne serait-elle pas, en automne,
sous l’emprise du sentiment de sa mort prochaine ?

Assurément, si sa conscience
ne contenait rien d’autre que la feuille,
la feuille en soi.
Alors elle sentirait qu’elle jaunit,
qu’elle commence à sécher,
qu’elle va bientôt tomber, jouet du vent,
victime de puissances destructrices.

Supposons maintenant que la feuille
puisse avoir conscience que ce qui vit en elle
n’est pas seulement la feuille
mais en même temps l’arbre.

Elle saurait alors que sa vie et sa mort annuelles
sont un mode d’être de l’arbre.
Elle serait consciente que la vie de l’arbre est en elle,
que la Vie inclut non seulement sa petite vie
mais sa petite mort.

Et instantanément, l’attitude de la feuille,
face à la vie, et face à la mort serait transformée ;
l’angoisse disparaîtrait et tout prendrait un autre sens.


Les angoisses de l’humanité correspondent
à celles de la feuille qui s’arrête à sa conscience de feuille,
c’est-à-dire qui est prisonnière
de la petite réalité immédiate, des sens, de la raison
et qui est incapable de sortir de ses frontières.

A la conscience que nous avons en général de la vie,
manque la conscience de notre être profond.

Pour que celle-ci puisse percer,
il nous faut réviser celle-là,
reconnaître combien elle est bornée.

Il nous faut prendre au sérieux
les heures privilégiées de notre existence,
c’est-à-dire en reconnaître les signes,
et laisser s’épanouir la grande Vie qui est en nous.

Seulement ainsi, pouvons nous entrer en contact
avec notre être vrai.
Car cet être est notre façon individuelle
de participation à la Grande Vie.
.
Karlfried Graf  Dürckheim
"La percée de l’être"

2 commentaires:

  1. La conscience de la mort : l'enfer sur terre.

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    1. S'interroger sur la mort et ce qu'elle est vraiment est LA question PRIMORDIALE...celle qu'on a tort de contourner...

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