jeudi 6 décembre 2012

RACINES


Celui qui croit vivre sans mythe,
ou en dehors de lui, est une exception.

Bien plus, il est un déraciné
sans relation véritable avec le passé,
avec la vie des ancêtres (qui continue en lui),
ni avec la race humaine.
.
Carl-Gustav Jung
"Métamorphoses de l'âme..."
.
Dessin Roland Topor
.

2 commentaires:

  1. Dans cet ouvrage savant du très grand psychologue que fut Jung, on peut lire cette précieuse mise au point sur l’intérêt et sur les limites de l’intellect et du savoir, et sans doute en déduire toute la valeur de la réalité vivante du mythe en chaque être humain :

    « Il a fallu tout l'aveuglement de notre ère dominée par l'intellect pour penser voir dans la recherche alchimique une chimie malencontreuse, et dans la perspective de la psychologie moderne une « psychologisation », c'est-à-dire un anéantissement du mystère. De même que les alchimistes savaient que la production de leur pierre était un miracle subordonné à la grâce de Dieu (concedente Deo), ainsi le psychologue moderne a conscience qu'il ne peut réaliser rien de plus qu'une description, formulée à l'aide de symboles scientifiques, d'un phénomène psychique, dont la nature véritable est aussi transcendante par rapport à la conscience que le mystère de la vie ou de la matière. Du mystère lui-même, il n'a nulle part donné d'explication, explication qui l'aurait exposé à être flétri. Conformément à l'esprit de la tradition chrétienne, il l'a seulement rendu plus proche de la conscience individuelle en faisant apparaître, grâce à une documentation empirique, la réalité, susceptible d'être expérimentée, du phénomène de l'individuation. Le fait qu'une proposition dite « métaphysique » soit considérée comme un phénomène psychique ne veut nullement dire que celui-ci soit « purement psychique » pour reprendre une expression favorite de mes critiques. Comme si, en employant le mot « psychique », on constatait quelque chose de généralement connu ! Personne n'aurait-il donc encore entrevu que, lorsque nous nommons la « psyché », nous évoquons symboliquement l'obscurité la plus épaisse que l'on puisse s'imaginer ? Il relève de l'éthos du chercheur de reconnaître où son savoir touche à sa fin. Car c'est cette fin qui sera le début d'une connaissance plus haute.» C.G.Jung - Les racines de la conscience - Livre V, fin du chapitre III : Messe et processus d’individuation.

    Amezeg

    RépondreSupprimer
  2. Je suis (ô combien... !) entièrement d'accord avec cela, Amezeg...
    La "psychologisation moderne" (et intellectuelle) qui, à sa façon, "anéantit le mystère" est quelque chose dont je suis très consciente...
    (et d'ailleurs, je viens tout juste de sortir d'une discussion virulente et difficile sur ce même sujet...), discussion "parallèle" à celle qui a eu lieu chez Ariaga...
    Certains ont beaucoup de mal à s'avouer que les termes "psychologiques" ne peuvent "contenir" (au sens de "contenant") la transcendance et le mystère...
    L'"essence de la vie" transcendera toujours les définitions...fussent-elles "jungiennes" !
    Nous ne pouvons en réaliser qu'une "approche"... et il est important de reconnaître les limites de l'"intellect"...

    Pour ma part, je trouve qu'une approche "symbolique" est plus juste car elle n'affadit pas le mystère et laisse toute sa place au "paradoxe" de la vie...
    Dans une "image symbolique", il y a encore "union des contraires"...alors que l'intellect "sépare" et "décortique"...détruisant l'unité de toute chose...

    RépondreSupprimer